Etre résilient pour prévenir le burn-out ou se reconstruire…
Si le sujet est plus souvent abordé sous l’angle des salariés, la vie entrepreneuriale n’est pas non plus un long fleuve tranquille, et certaines épreuves peuvent provoquer un véritable effondrement personnel. Comment réussir à devenir résilient lorsqu’on est dirigeant ? Une des clés consiste à savoir identifier les signes avant-coureurs d’un possible effondrement.
Les managers de transition ou à temps partagé occupent dans leurs missions une position qui les rend particulièrement aptes à déceler ces signes chez les dirigeants qu’ils accompagnent et à les alerter à temps. Souvent eux-mêmes dirigeants de leur propre structure, ils sont doublement à l’écoute de ces signaux faibles.
Savoir identifier les signes avant-coureurs d’un effondrement
Ces signaux, souvent subtils ou ignorés, peuvent s’accumuler jusqu’à provoquer une crise sérieuse. Parmi ces indicateurs, on peut distinguer :
- Des troubles comportementaux et une modification du caractère. Des soucis de sommeil, une émotivité accrue et des difficultés à prendre des décisions figurent parmi les premiers signaux d’alerte. Ces symptômes traduisent une détérioration de l’équilibre émotionnel.
- La confusion identitaire. Lorsqu’un entrepreneur s’identifie totalement à son entreprise, une fusion nocive peut se mettre en place. Il ne distingue plus personne morale et personne physique. La réussite de l’entreprise peut même devenir la seule source de valeur personnelle. Cette fusion aggrave la chute lorsque des difficultés surviennent.
- Le déni. L’orgueil, le déni et la duplicité sont d’autres signaux fréquents. Ces attitudes poussent l’individu à ignorer la réalité et à se mentir à lui-même.
- L’isolement. Le manque de communication avec l’entourage professionnel ou personnel, combiné à une fatigue émotionnelle croissante, peut accélérer l’effondrement.
Un entourage attentif et capable d’identifier ces signes est capital pour alerter la personne en danger. Néanmoins, c’est la prise de conscience du dirigeant lui-même qui reste LE déclencheur du processus de transformation.
Les mécanismes de soutien et clés de la reconstruction
Pour surmonter cette forme de crise personnelle et/ou professionnelle, les mécanismes de soutien jouent un rôle déterminant. Plusieurs types de ressources peuvent être mis en œuvre :
- Le réseau. Les proches, les pairs et des associations comme 60 000 rebonds offrent un environnement bienveillant et compréhensif. Il est important de pouvoir partager son vécu, trouver des conseils et regagner de la confiance en soi.
- L’introspection et la prise de recul. Une fois le choc initial passé, il y a un temps nécessaire pour analyser les causes de l’échec et en tirer des leçons. Cette étape difficile permet de reconstruire une base solide pour l’avenir. La capacité à faire le deuil de ses pertes, qu’elles soient financières ou personnelles, est aussi essentielle.
- Le soin du corps et de l’esprit. La résilience ne peut se limiter à un effort mental. La prise en compte du bien-être physique, par le biais d’activités sportives ou de relaxation, est fondamentale. L’alignement entre le corps, la tête et le cœur constitue un pilier connu de la reconstruction.
- La redécouverte du plaisir. Revenir à des activités procurant du plaisir redonne de l’énergie et aide à retrouver un équilibre émotionnel. Le plaisir est une source de motivation majeure.
Il n’existe aucune solution miraculeuse pour rebondir, mais différents moyens à adapter à chaque individu et chaque situation.
Le pouvoir de la résilience émotionnelle
La résilience ne se limite pas à survivre à un effondrement ; elle implique une transformation profonde, pour se reconstruire mais aussi anticiper une éventuelle chute. Cette aptitude humaine universelle nécessite tout de même un effort conscient pour être cultivée.
Face aux inévitables épreuves de la vie professionnelle, chacun peut développer sa propre « boîte à outils » pour renforcer son immunité émotionnelle. Les travaux de Charles Pépin (Les vertus de l’échec – Allary Editions), Boris Cyrulnik ou Philippe Gabilliet donnent des perspectives précieuses pour naviguer dans ces moments difficiles.
Les Parteamers ont été récemment invités à réfléchir sur ce sujet en participant à un atelier « témoignage & réflexion collective », animé par Philippe Delaunay, co-président de l’association 60 000 rebonds Grand Ouest. Philippe Delaunay a témoigné de sa propre expérience et évoqué son parcours d’entrepreneur à succès, le dépôt de bilan de sa société, son effondrement personnel brutal, puis son cheminement de reconstruction et de transformation.
En développant sa propre résilience émotionnelle, le dirigeant renforce aussi la résilience globale de son entreprise, et ainsi sa capacité à faire face aux défis et crises qu’elle devra sans doute affronter. Un thème qui a justement été abordé en parallèle, dans un autre atelier proposé aux Parteamers, et qui montre à quel point résilience personnelle et résilience professionnelle sont intimement liées. (lire l’article « Développer et renforcer la résilience des entreprises »)