Transition écologique et numérique, meilleurs alliés et frères ennemis

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La réalité des faits est plus marquante que les prévisions chiffrées, aussi réalistes soient elles. L’été 2022, entre canicules et méga-orages, a ainsi cruellement rappelé à ceux qui ne s’en souciaient pas que le réchauffement climatique est à nos portes et que, si nous voulons, à l’échelle mondiale, éviter la catastrophe, il va falloir réagir rapidement.

Les révolutions numériques et écologiques sont à l’évidence les deux mouvements les plus marquants du début de siècle, impactant nos rapports à la nature, à l’espace, nos interactions sociales, nos structures socio-économiques, notre façon de vivre et même de penser.  Mais les transitions vers ces deux modèles, à la fois innovant technologiquement et respectueux de la nature, ne se croisent pas forcément, tant les enjeux semblent différents, voire opposés.

Environnement et technologie, un accord pas vraiment naturel

La révolution numérique, débuté avec la démocratisation du PC dans les années 80, s’est amplifiée depuis la fin des années 90 : des smartphones aux objets connectés, l’internet est partout dans nos vies de tous les jours et, malgré les clichés qui persistent, tous les territoires sont concernés. Rendue possible par les progrès de l’électronique, de l’informatique, et plus récemment des télécommunications et de l’intelligence artificielle, la transition vers un modèle  numérique, avec comme point clé le recueil et l’analyse des données (le fameux « big data ») ne s’oppose pas forcément aux anciens modèles , même les plus polluants : le recueil des données et les progrès technologiques ont par exemple permis d’améliorer les infrastructures d’exploration et de production de pétrole.

 

La transition écologique, soit le passage à un modèle vert(ueux) prenant en compte l’empreinte écologique et la prévisible fin des ressources naturelles, s’est longtemps confrontée à deux problèmes majeurs. D’une part, elle demande de renoncer à un système de consommation de ressources encore efficace pour le remplacer par un autre plus cher et plus intermittent. L’éolien est ainsi par nature plus irrégulier et plus imprévisible que le nucléaire. Par ailleurs, certaines ressources étant encore loin d’être épuisées et les conséquences de leur utilisation semblant lointaines, la transition a longtemps été retardée : difficile de se sacrifier pour un bénéfice qui ne nous profitera pas directement…

 

Les dernières années ont fait prendre conscience de la nécessité d’avancer rapidement sur les deux sujets mais de manière inégale. Ainsi, la gestion de la crise du COVID a accéléré sensiblement la transition numérique dans nos sociétés, des rendez-vous médicaux pris en ligne au suivi des patients en passant par la mise en place massive du télétravail. De l’autre côté, le dernier rapport du GEIC, les catastrophes naturelles et le réchauffement climatique, de plus en plus palpable, ont fait de l’écologie une priorité, au point de revoir à son aune tous les secteurs.

 

Se pose alors la question : la transition écologique et la transition numérique sont-elles compatibles ? Le progrès technologique risque-t-il, en puisant notamment des quantités d’énergie inédite, « abîmer » la planète, ou est-ce au contraire la meilleure façon de réparer des erreurs commises depuis trop longtemps ?

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Des impacts environnementaux multiples…

Si les écologistes ont longtemps ignoré la question du numérique, les leaders des nouvelles technologies se sont également souvent dédouanés de toute responsabilité, l’aspect immatériel et novateur du numérique étant suffisant pour eux à rendre leur industrie « vertueuse ». Comment comparer des 4×4 bourrés d’essence aux baladeurs blancs comme la neige, des pollueurs sans coeur et des marques si branchées ? Mais le « temps du cool » est terminé.

 

Le recul permet aujourd’hui de constater une sensible augmentation des émissions de gaz à effet de serre à la fin des années 1990, soit le début de l’ère du tout numérique. Un méfait à relativiser toutefois, le numérique ne représentant en France, en 2021, que 2% des émissions de CO2 (avec tout de même le risque de monter à 7% dans un futur proche) d’après l’ARCEP, l’Autorité de Régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse. L’échelle française n’est cependant pas la plus significative, l’essentiel des équipements étant à l’international. Le numérique représente en réalité, au niveau mondial, 4% des émissions de gaz à effet de serre.

 

Les conséquences environnementales les plus importantes sont liées à la production des équipements (près de 75% de l’impact global), notamment à cause de l’utilisation des ressources non renouvelables, par ailleurs souvent extraites dans des conditions douteuses. Un téléphone portable nécessite ainsi près de 50 métaux, dont du lithium, du cuivre ou du cobalt. Vient ensuite la consommation d’énergie pour faire fonctionner les systèmes et les data centers, et l’eau nécessaire pour les refroidir, ce qui a un impact sur la biodiversité de façon générale.

… et donc difficiles à mesurer

En 2021, une feuille de route « Numérique et environnement » fut présentée par plusieurs membres du gouvernement : Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, Barbara Pompili, ministre de la transition écologique et Cédric O, secrétaire d’Etat à la transition numérique. Ce « casting » seul suffit à comprendre à quel point ces secteurs sont désormais considérés comme interdépendants. Parmi les mesures annoncées, il est à noter la mise en place par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie) et l’ARCEP d’un baromètre environnemental des acteurs du numérique afin d’informer le grand public, mais aussi les entreprises, sur la réalité de la situation.

 

Une innovation fondamentale tant la mesure, qui permet la compréhension et donc l’action, est difficile quand il s’agit de chiffrer l’impact du numérique sur la nature. D’une part, mesurer exactement l’empreinte carbone d’un « produit », numérique ou non », est particulièrement ardu, voir impossible : jusqu’où remonter dans la création d’un objet ? A l’usine ? Aux matières premières ?

 

Les données, très complexes, sont par ailleurs rapidement obsolètes. Les révolutions technologiques étant continues, il est très difficile de mesurer l’impact d’un outil, dont l’empreinte environnementale peut varier très fortement en fonction de ses mises à jour. Les données doivent donc être mises à jour très régulièrement.

 

Les répercussions du numérique sont par ailleurs si globale qu’il est souvent impossible de les prendre en compte dans leur globalité. Ce qui n’empêche pas d’agir pour les contrer.

Vers un secteur numérique plus responsable

La première évolution nécessaire afin de concilier numérique et environnement est de réduire ses impacts : le numérique, s’il veut maîtriser son progrès, doit être plus respectueux de l’environnement. En entreprise, les DSI s’emparent du sujet en intégrant, par exemple, une procédure d’évaluation des empreintes carbone lors de la sélection des outils de travail.

 

L’Etat prend également des mesures, avec la mise en place d’un code de bonne conduite prônant un usage plus sobre et mieux pensé des outils numériques. Il s’agit, pour les particuliers, de limiter sa consommation, en données (on efface ses emails !) mais surtout en matériel : 88% des Français changent de téléphone une fois par an, alors que leurs anciens modèles fonctionnent encore. Pire, ces modèles restent pour la plupart du temps au fond d’un tiroir, alors qu’ils pourraient être recyclés… si les entreprises jouaient le jeu. De grands constructeurs refusent encore de prendre en charge leurs anciens produits, de réutiliser leurs composants, quand ils n’agissent pas directement pour les rendre trop rapidement hors-service : c’est la fameuse obsolescence programmée… De même, l’obligation voulue par l’Union Européenne de mettre en place, dès 2024, un chargeur universel pour l’ensemble des mobiles, est contestée par certains constructeurs. La question est pourtant importante : les chargeurs inutilisés représentent, rien que pour l’Europe, près de 11.000 tonnes de déchets par an selon le Parlement européen.

 

En France, les pouvoirs publics se sont depuis quelques années saisis du problème. L’Etat demande ainsi la généralisation de l’éco-conception : si le reconditionnement et le recyclage sont des garanties pour la « vie d’après », l’éco-conception est là pour veiller à ce que l’objet soit « bien né ». Cela consiste à intégrer la protection de l’environnement dès le départ, que ce soit pour l’utilisation des matières premières, la production, la distribution et l’utilisation. Une façon de penser mise aujourd’hui en avant par les constructeurs dits « propres », même si le fait de ne pas pouvoir changer la batterie de son smartphone, ce qui était possible chez tous les fabricants autrefois, laisse planer un doute sur la bonne volonté de certains….

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La green tech : le numérique au service de l’environnement

Compte tenu de ses impacts négatifs, il est facile de penser que limiter le numérique ferait du bien à la planète. Comme dans de nombreux domaines, la question est en réalité de savoir où positionner le curseur. Se passer entièrement du numérique est dans les faits impossible : si les sites de location incitent au tourisme et donc à de la pollution, qui pourrait sérieusement envisager, surtout après la pandémie de COVID, de stopper la prise de rendez-vous médicaux en ligne ? C’est d’autre-part un contre-sens, puisque le numérique peut, bien utilisé, servir l’environnement. Compte tenu des modes de vie actuels, il est même inenvisageable de réussir la transition écologique sans l’apport des nouvelles technologies. La sobriété numérique ne consiste en effet pas uniquement à limiter la data, mais à l’utiliser à bon escient.

 

La mise en place par le ministère de la transition écologique d’un label Green Tech montre la voie vers un numérique innovant, levier plutôt que frein vers la transition écologique. A date, près de 215 entreprises bénéficient de ce label qui récompensent les projets innovants, ne se contentant pas de limiter leur empreinte écologique, mais apportant un véritable plus à la sauvegarde de la nature. Tous les secteurs sont concernés : domotique, transports, BTP, industrie, agriculture…

 

Dans les faits, il est facile de constater que certaines innovations technologiques, polluantes à court terme, deviennent profitable à l’écologie sur le long terme. Les exemples sont nombreux. Les satellites permettant aux GPS de fonctionner « polluent » ainsi l’espace, mais ils permettent de limiter les temps de déplacement en indiquant les bouchons et le meilleur itinéraire. Le télétravail, s’il a des défauts, permet lui d’éviter un nombre considérable de déplacements, et ainsi de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

 

Pour la production aussi, l’apport est massif, à condition de changer non pas une étape mais l’ensemble du système. Recueillir les données permet ainsi de produire dans des quantités correspondant mieux aux attentes réelles des utilisateurs : terminés les stocks produits pour rien et rapidement détruits… L’organisation des livraisons aussi, avec des systèmes permettant de mieux remplir les camions, dépend du numérique. Une offre correspondant aux besoins réels, un flux et des infrastructures cohérentes : le numérique, bien utilisé, ne sert pas à produire plus et plus vite mais à produire mieux. L’exemple le plus parlant de ces évolutions est la Smart City, où les apports du traitement de données bénéficient au transport, à l’habitat avec la maîtrise du chauffage notamment, à la prise en charge des déchets…

 

La question des data centers, qui se multiplient au même rythme que les données, c’est-à-dire très rapidement au point de devenir une menace écologique majeure, peut-elle aussi se résoudre « techniquement ». Des solutions existent, avec la mise en place de petits centres de « proximité » mais aussi avec le développement des technologies.  Par ailleurs, la récupération de la chaleur émise par ces data centers pour créer de l’énergie est une voie prometteuse : il est ainsi possible d’imaginer un cercle vertueux, où l’énergie serait en partie recyclée pour diminuer le recours massif aux combustibles fossiles. Au-delà, c’est tout le cycle de design des applications qu’il faudra prendre en compte afin d’avoir un effet réellement positif pour la planète.

 

Les deux transitions pourraient, en réalité, converger au lieu de s’opposer. Pour que le numérique sauve l’environnement, il est impératif qu’il se développe non pas moins mais davantage, avec comme objectif le bien commun, ou de façon plus prosaïque : un pour tous et tous pour un.

 

Par ailleurs, afin que les deux transitions avancent au même rythme, une vision globale est indispensable, et pour cela un changement de mentalité sera également nécessaire. Le label Green Fin, mis en place également par le ministère de la transition écologique, garantit la qualité des fonds d’investissement en excluant les financiers trop engagés dans l’utilisation des énergies fossiles, va en ce sens. C’est une façon de prendre le problème à la base, qui n’exclut pas non plus de réfléchir aux finalités de mode de vie. Penser l’avenir, non pas immédiat mais pour les siècles prochains, non pas à l’échelle régionale, nationale, mais à celle de l’humanité, revient à se poser la question du bien commun ou, pour parodier les écrivains visionnaires, à se demander quel monde nous voulons créer.

 

Il y a quelques années, Stephen King déclarait : « nous avons eu l’occasion de changer le monde et avons préféré le télé-achat », soit sauver Amazon ou l’Amazonie. Il est peut-être temps de revenir sur notre décision.

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