Le monde de l’entreprise : humain après tout ?

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Argent, trop cher, la vie n’a pas de prix ? Dans le monde entier, des entreprises mettent les valeurs humaines et le bien commun à la même hauteur que les profits financiers. Le partage plutôt que la compétition, l’environnement plutôt que la rentabilité, le bonheur commun plutôt que la réussite individuelle : la fin du capitalisme sauvage ou une simple utopie de passage ? Si le mouvement en est encore à ses débuts, il dessine les contours d’un monde meilleur…

Des requins aux bisounours

Après avoir vendu tout et n’importe quoi au monde entier, sans pitié mais avec beaucoup de bénéfices, Don Draper, le publicitaire star de la série « Mad Men » (« Des hommes fous »), renonce au capitalisme sauvage pour se retirer dans un ashram, une retraite philosophique, et trouver le bonheur. La conversion, même si elle lui aura pris sept saisons, est spectaculaire. Elle sert surtout de conclusion à la meilleure série américaine de la fin des années 2000, réflexion saisissante sur le monde du travail des années 60 à nos jours, ou comment la terrible obsession de la « gagne » a peu à peu laissé place à l’envie de se réaliser soi-même de façon heureuse. Les « vertus de robots » dénoncées par Saint-Exupéry laisseraient-elles enfin la place à l’humanité ?

Car l’imagerie de l’argent tout puissant, unique mesure de réussite individuelle, est pour la première fois remise en cause, même si c’est de façon encore minoritaire, en France comme dans le reste du monde. Aucun patron n’oserait aujourd’hui déclarer fièrement face caméra, comme le faisait Bernard Tapie en 1983 : « Pour un homme d’affaires l’unique unité de mesure, c’est l’argent. J’entreprends mes affaires avec la volonté féroce de gagner beaucoup beaucoup beaucoup d’argent ». Mais alors, si ce n’est plus derrière les bénéfices et le chiffre d’affaires, après quoi courent les nouveaux chefs d’entreprise ?

La réponse est aussi simple que surprenante :  le bien commun plutôt que le succès individuel, la sincérité, la transparence, l’honnêteté. Des objectifs qui auraient suffi à taxer n’importe qui de « Bisounours » il y a quelques années, mais qui sont aujourd’hui pris au sérieux. Pour quelle raison ? Si être gentil plutôt que méchant a toujours fait plaisir à maman, l’évolution des mentalités n’est pas née d’une simple volonté de bien faire. Si les esprits évoluent, c’est aussi que les catastrophes se sont multipliées devant nous au cours des dernières années, montrant que le changement était plus que nécessaire : obligatoire.

La carte du coeur pour surmonter la crise

Une entreprise humaniste est une entreprise qui non seulement respecte l’être humain et la nature, mais qui en fait même son objectif premier. Cette volonté bienfaitrice vise à améliorer un monde qui, il faut bien le reconnaître, s’est considérablement dégradé au cours des dernières années.

S’il est toujours beau de penser que « le travail c’est la santé », le fait est par exemple de constater que les maladies professionnelles se sont récemment multipliées et que l’OMS a enfin reconnu le “burn-out” comme LA pathologie du 21ème siècle. Le stress au travail est par exemple devenu monnaie courante, comme si les postes à responsabilité s’accompagnaient inévitablement de nuits blanches, d’hecto-litres de café, de tremblements et  de mal de dos. Le nombre de burn-out a ainsi explosé, un mouvement encore renforcé par la crise sanitaire. Moins facile à mesurer, la question de la perte de sens est un facteur aggravant, avec des salariés perdus qui ne savent plus pourquoi ils viennent au bureau tous les jours… et qui finissent par ne plus venir. De façon pragmatique et un peu cynique, les démissions et autres abandons de poste empêchent les entreprises de continuer à travailler normalement : un changement de valeur, autant dans les objectifs que dans les façons de travailler, était donc devenu nécessaire.

Pour ce qui est de la nature, le constat est tout aussi grave. Durant des décennies et aujourd’hui encore, nous exploitons les ressources de la Terre comme si elles étaient inépuisables. L’essence vient à manquer, l’énergie coûte cher, mais surtout, les gaz à effet de serre et le changement climatique sont devenus les enjeux majeurs pour l’humanité entière. Les voitures ultra-consommatrices qui font la course tous les ans dans le désert pour un résumé de quelques minutes en fin de JT et des victoires aussi vite oubliées n’intéressent plus grand monde : le rapport coût (environnemental)/bénéfice (sportif) s’est inversé. Les conséquences du réchauffement climatiques sont visibles, et même si c’est agréable de bronzer à la plage en plein mois d’octobre, il y a quelque chose qui ne tourne pas très rond.

Dans cette grande lutte pour sauver la planète, les entreprises sont les premiers acteurs montrés du doigt. A raison. En France, le naufrage de la poubelle/cargo Erika délivrant près de 30.000 tonnes de fioul lourd sur les côtes bretonnes en 1999 a marqué les esprits. Les exemples sont innombrables et les rustines « bio » collées à la va-vite par les voyous peu soucieux de la nature ne suffisent plus à calmer les Greta Thunberg du monde entier.

Le bonheur, c’est les autres

La transition du capitalisme sauvage vers un modèle humaniste bienveillant est une révolution, et qui mieux, pour la définir, qu’un révolutionnaire ? Maximilien Robespierre, adepte du faites ce que je dis pas ce que je fais, a bien défini les objectifs : « Conduire les hommes au bonheur par la vertu, et à la vertu par la législation ».

La vertu, ce sont de nouvelles pratiques, en interne comme en externe. Ne plus mentir, d’abord : plus de mensonge sur la marchandise, sa qualité, son origine, plus de mensonge sur les bénéfices, les dividendes, la réalité de l’entreprise. Ne pas mentir aux salariés, c’est aussi prendre en compte leurs besoins réels, et pas uniquement matériels. Un nouveau management se met en place, avec des leaders-serviteurs, comme définis par le chercheur Robert Greenleaf dans les années 70 : « Un manager humaniste capable de redonner le sourire à un collaborateur en difficulté, de remercier chacun pour sa contribution à la réussite globale, porteur d’une vraie vision mais sans ambition de domination, présent pour aider. »  La clé de relations humaines apaisées, plus vraies, où la collaboration remplace la compétition. Et si un salarié « heureux est plus performant », ce n’est pas, dans l’entreprise humaniste, un objectif, mais simplement une conséquence bienvenue.

La législation, c’est le bâton qui permet aux récalcitrants de se mettre au pas, pour leur bien et celui des autres. En France, de nombreuses dispositions se sont succédées pour transformer les entreprises. En 2001, les lois Nouvelles Responsabilités économiques avaient pour objectif de rendre les entreprises plus vertueuses, mais sans sanctions ni contrôles réels… En 2017, le label RSE (Responsabilités Sociales et Ecologiques) a permis d’améliorer la situation, avec des règles plus claires et plus en adéquation avec la réalité et l’opinion publique. De fait, les grands groupes commencent à trembler. Le schéma pollueurs/payeurs serait-il enfin en passe de devenir une réalité ?

En France, le cadre a été défini en plusieurs temps. Les SCOP, Sociétés Coopératives et Participatives, sont vieilles comme la Commune de Paris, voire plus anciennes encore. Mais faut-il, pour s’inscrire dans le bien commun, changer son organisation financière et son mode de gouvernance ? Pas forcément : en 2018, le rapport Notat/Senard introduit l’idée que toute entreprise, quel que soit son fonctionnement, peut et même doit avoir une raison d’être autre que de gagner de l’argent: « Une stratégie vise la performance financière mais ne peut s’y limiter ». En 2019, la loi PACTE officialise le changement avec la création des sociétés à mission, qui s’engage socialement, pour l’environnement, ou dans un combat contre la faim dans le monde, les maladies, le handicap…

En dehors du respect de la législation, être une entreprise « bienfaitrice » a aussi une importance majeure pour l’image de marque : Volkswagen, après s’être fait prendre la main dans le sac en truquant les résultats de tests d’émission de gaz polluants, aura bien du mal à faire croire à sa sincérité écologique. Et, la population étant de plus en plus sensibilisée à ces sujets, ne pas faire de bien revient à faire du mal, ce que les clients n’hésitent pas à sanctionner.

Pas d’entreprise humaniste sans patron humaniste

La sincérité, difficile à mesurer, est pourtant l’un des facteurs clés pour considérer une entreprise comme réellement humaniste. Un peu partout dans le monde, des entreprises donnent des preuves incontestables de leur bonne foi et de leur volonté de faire vraiment changer les choses. Ainsi, puisque en respectant leurs salariés et l’environnement, elles continuent de faire des bénéfices, elles vont les donner !

Aux Etats-Unis, Bill Gates, patron de Microsoft, a initié le mouvement, même s’il lui arrive encore d’être contesté. En 1997, il a fait don de 200 millions pour que les bibliothèques américaines disposent d’un accès gratuit à internet; en 2000, il a versé près de 40 milliards à un fonds pour la santé et l’éducation dans le monde; en 2010, il a lancé, avec Warren Buffett, une campagne incitant les milliardaires à laisser l’essentiel de leur fortune à des organisations à but non lucratif plutôt que de les léguer à leurs enfants. Plus d’une centaine de milliardaires, dont Mark Zuckerberg et George Lucas, ont déjà rejoint le mouvement.

Yvon Chouinard, fondateur de la marque Patagonia, donne lui aussi un bon exemple de ce que peut être une entreprise réellement humaniste. Alors qu’il donnait déjà 1% des revenus annuels à des associations, il a décidé de faire don de son entreprise à un fonds chargé de s’assurer que les valeurs environnementales de l’entreprise perdurent. Tous les profits générés par l’entreprise seront eux versés à des associations luttant contre les crises environnementales. L’entreprise n’entrera donc jamais en bourse : « La Terre est maintenant notre seul actionnaire ».

La France n’est pas en reste.

David Soulard, patron des meubles Gautier, est lui aussi un patron humaniste. Dans le marché ultra-concurrentiel du meuble en kit, il s’efforce d’être militant et de faire vivre son territoire : les usines, installées au coeur du bocage vendéen, utilisent du bois traité dans une scierie voisine, ainsi que du bois recyclé. Les parties utilisables des arbres ayant brûlés cet été dans le sud de la France seront même bientôt exploitées ! Réduire les emballages, économiser l’énergie avec des machines peu consommatrices, lutter contre le gaspillage et privilégier l’emploi local sont les objectifs de ce patron qui espère atteindre, à terme, le 100% recyclé et recyclable. Une démarche qui prend aujourd’hui tout son sens et séduit les clients, pour qui une économie de quelques centimes ne justifie pas de produire sans aucun contrôle ou respect de la nature à l’autre bout du monde.

De la même façon, CETIH, Compagnie des Equipements Techniques et industriels pour l’Habitat, prend en compte l’environnement au moment de concevoir ses produits, et prône le partage de valeur entre les équipes et le territoire. Des panneaux solaires ont été installés sur les toits des usines, avec pour objectif une auto-production d’énergie sur 30% des sites en 2028. De nombreuses actions de mécénats sont menées pour la réinsertion des personnes sans abris. Afin de rendre pérenne la démarche, Yann Rolland, le fondateur de l’entreprise, a décidé d’articuler le capital de façon novatrice entre fonds de dotation philanthropique (35%), actionnant salarié et direction renforcés (33%) et fonds d’investissement choisis (32%).

Connexing, entreprise spécialisée dans l’IT, souhaite réconcilier technologies de pointes et respect de la planète, en minimisant l’empreinte carbone à tous les échelons. Des dons faits par l’entreprise ont permis de planter plus de 200.000 arbres en Afrique. Des mesures qui ont permis à la société d’obtenir la « B Corp », une certification octroyée aux sociétés commerciales répondant à des exigences sociétales et environnementales, et dont la devise est : «  Des entreprises qui ne cherchent pas uniquement à être les meilleures du monde, mais les meilleures pour le monde ».


Si seulement Bernard Tapie avait pu voir ça.

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